Des truffes… à la mouche bien sûr.

"Tu veux venir avec moi" me lance mon voisin chez lequel j’étais allé bidouillé l’ordinateur.

Je fais semblant de réfléchir, d’hésiter mais dans ma tête, je n’en peux déjà plus. J’en rêvais depuis si longtemps. Pourvoir aller chercher les truffes dans sa truffière dans un lieu où j’avais de réelles chances d’en trouver.

RDV est donc pris pour 13h30. Il me rejoint à l’entrée
de son parc tandis que je discute avec un chasseur qui me commente
l’abattage d’un cerf à qques centaine de mètres de
là." Un jeune. C’est le dernier de l’année. J’en avais
marre, maintenant, je vais me mettre au renard." Et oui, ici, c’est la
campagne et la chasse est très ancrée dans le paysage.

Ca y est, nous voici sur les lieux potentiellement intéressants.
Faute de pluie estivale, les places qui donnent des truffes sauvages ne
produisent pas cette année. On regarde au cas où. Mais
pas la moindre mouche à truffe.

Puis, on fait la première parcelle. Les chênes verts
sont dévastés, cassés par les vaches
échappées de la parcelles voisine. Les boulles. Certains
donnent et cela risque de les perturber. Mais bon, mon voisin est
habitué à subir les assauts des chevreuils, des cerfs et
des sangliers s’en accomode bon gré malgré. Par contre,
toujours pas de trace de mouches pour les truffes.

Allez, on va pas tourner autour du pot, on va sur les meilleures
places, celles qui ont été arrosés cet
été au prix de nombreux efforts.

Le premier emplacement, déjà marqué par le
chien il y a trois jours nous livre sans surprise trois mouches truffières. Mais
dispersées, elles ne nous dévoilent pas l’emplacement
exact du diamant noir. Nous écartons les feuilles,
espérant que dans quelques minutes, elles marquent mieux.

Nous allons ensuite voir un autre arbre producteur de truffes et nous levons
deux mouches mais là encore, peu d’indications. On gratte un peu
la terre, on sent : rien. Aucune odeur. On n’insiste pas.

Et enfin, on va voir le champion des champions, un arbre
chétif, si rabougri qu’on ne lui mettrait même pas un coup
de hache pour allumer un feu tellement il fait pitié. Il a
pourtant 10 ans mais il a connu tous les malheurs de la terre.
Brouté, cassé, encorné fréquemment, il n’a
pas poussé. Pourtant, il donne de très nombreuses truffes
tous les ans. Et là, soudain, un nuage de mouches de la truffe (6 ou 7)
posés au même endroit. Pas de doute, elles ne sont pas
là pour rien.

Vue de dessus mais une aile est mal repliée.

De plus, un tel regroupement indique la place avec précision.
Il y a donc une belle truffe à cet endroit. On gratte, hume la terre,
rien. Pourtant pas de doute, elle y est. On agrandi le trou et on fini
par trouver une petite truffe dessechée comme vidée par
les asticots. On ne peut pas gagner à tous les coups.

On redescend au premier marqué mais là, rien de
nouveau, les mouches à truffe sont dispersées. Au premier coup de doigt
pour gratter, une odeur tenace de truffe s’échappe de la terre.
Elle est bien là, mais où. Centimètre après
centimètre, on gratte mais rien. On descend plus profond,
ça sent toujours mais pas de truffe. Le trou fait bien 20 cm de
diamètre pour 10 cm de profondeur et pas de trace de la truffe noire
malgré son odeur.

En y reniflant de plus près, on remarque que l’odeur est plus
tenace vers un bord du trou. Et au détour d’un coup de doigt, le
diamant apparait. Elle doit bien faire 3 à 4 cm de
diamètre. Une odeur enivrante s’en dégage. Quel moment
magique.

Il pleut maintenant depuis 5 minutes mais pris dans le feu de
l’action, on ne le remarque même pas. Il fait doux, le vent est
assez fort. En théorie des conditions nulles pour la mouche.
Pourtant elles sont là, elles partent même très
court à 10 cm du pied ce qui est assez rare.

Par aquis de concience, on remonte vers le petit champion et
là, un peu comme quand on ferre une truite en nymphe, je vois
l’invisible. Un autre troupeau de mouche à truffes au pied de l’arbre. Elles
sautent, dansent, se poursuivent. La fête des mouches quoi. La
mienne aussi. Je gratte un peu. Le parfum ne laisse aucun doute, elle
est là. On reste un moment à savourer cette victoire
annoncée. Puis on la trouve, une belle mélano à
maturité qui sent mais qui sent … la truffe melanosporum.

On est trempé, on retourne à la voiture, heureux. Le
bonheur tient parfois à peu de chose. Merci et encore merci de
m’avoir fait connaitre cette joie de chercher les truffes à la
mouche
. Décidement dans ma vie, beaucoup de choses tournent
autour des mouches. D’ailleurs, pêcher à la mouche est un
sacré avantage pour chercher les truffes. Une question
d’habitude pour repérer les insectes sans doute.

Fred

7 commentaires.

  1. Voici 15 ans j’ai planté des chênes miccorhysees .Depuis l’an dernier je trouve à la mouche des petites tuber rufum
    15 cette année sur 4 chênes différents.Puis-je espérer avoir un jour des mélanos.
    Merci

  2. bonjour, je m’appelle elodie j’ai 19 ans et j’habite sur le Causse noir a Veyreau dans l’aveyron.j’adore chercher les truffes mais pas les manger….et oui c’est dur a croire tout simplement pour faire plaisir à mon vieux pere!!Mais alors cette année c’est la grande deception….en ayant l’accord d’un ami a mon pere j’ai eu la chance de trouver des enormes truffieres mais….RIEN…pas de mouche, pas d’odeur.Peut etre qu’il n’a pas fait assez froid car beaucoup d’episode négeux et peu de soleil.Le beau temps doit faire réapparition alors le diamant noir va til a son tour faire une belle réaparition???…MYSTERE
    …En tout cas votre aventure que vous racontez avec passion m’a fait rêver car cela me rappelle les premieres fois où je me suis rendut à ma truffiere fetiche…la plantation de mon pere (60 chaines truffiers et 60 noisettiers) et bien trop jeune dommage!!!Bonne continuation à vous.elodie

  3. Bonjour a tous je m’appelle loic j’ai 22 ans et je suis passionné par la recherche des champignons.
    J’habite en lozère dans le languedoc roussillon et je suis un chercheur de cèpes girolles ou morille, cela dit je voudrais chercher la truffe en millieu sauvage n’ayant pas de truffière pour l’instant.
    Alors voila je souhaite avoir des informations sur la recherche de la truffe a la mouche en millieu naturel,
    *A quelle période peut on voir cette mouche?
    *Est ce que je peut la trouver dans mon département?
    Si quelqu’un peut me renseigner le le remercie d’avance .

  4. j’ai plante 40 chenes mychoryses il y a 10 ans et il me semble que sur le site apparaissent ce que l’on appelle des brules, n’ayant pas de chien truffier j’ai envie d’essayer a la mouche, technique que je ne connais que par ce que j’ai pu en lire,il me faudra sans doute un peu de chance…

  5. Hello Fred,
    Moi aussi j’ai été piqué par la mouche. Je me suis lancé cette année à la recherche de tuber uncinatum (truffe de bourgogne) avec les conseils avisés d’un ami.
    Quelle magnifique requète! et que joie de trouver ces truffes « sauvages »; en somme, un peu comme la pêche.
    Je te souhaite d’avoir l’occasion d’y retourner et de retrouver la joie éclatante que l’on peut ressentir au plus profond de soit lorsque, d’une poignée de terre, s’échappe cette odeur si singulière qui ne laisse plus aucun doute sur la présence d’une belle noire…

  6. Une bien belle aventure peut commune qui doit etre trés excitant..çà doit etre trés interessant mais pas donné à tout le monde..
    C’est tout de méme magique la campagne..
    Matt

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