Un de mes pêchés mignons est de cuisiner au feu de bois. La gestion du feu est quelquechose d’ancestral qui sans être compliqué demande un peu de savoir faire. Et je dois bien avouer que je prends beaucoup de plaisir à allumer le feu et cuisiner dessus. Cela contente aussi mon épouse qui n’a pas à nettoyer la plaque de la cuisine après la cuisson. Tout le monde y trouve donc son compte.

Pas plus tard qu’avant hier, j’ai trouvé les premiers cèpes de la saison. Juste un petit plat. L’occasion était trop belle de relancer un foyer qui a passé l’hiver sans trop d’activité.

Mon barbecue n’est pas des plus sophistiqués : quatres cailloux aménagent un foyer à même le sol et soutiennent une grille déformée par les flammes. Rien d’autre. Cela me rapelle les foyers improvisés confectionnés à la hate sur le bord des rivières lors de mes virées dans les montagnes rocheuses.

L’important pour que la cuisine ait du goût est d’avoir du bon bois et de bonnes poelles. J’ai eu la chance de trouver l’introuvable il y a quelques années dans un vide grenier : un lot de 6 poelles anciennes culottées à souhait par des centaines de préparations. Au diable les ustensiles modernes en teflon ou autres revêtements antidérapants. Les aliments n’accrochent pas plus dans ce type de poelle à conditions de mettre un peu de graisse. Et coté goût, il y a une sacré différence.

Pour le bois, je prends quasi exclusivement du bois de chêne du causse. Bien caillé, il tient le feu tout en faisant flammes et braises. C’est la fumée de ce bois qui parfume la cuisine. Lors du baptême de ma fille, j’avais fait quasiment tout le repas au feu de bois. Ma grande mère de 86 ans ma avoué qu’elle avait retrouvé le goût des aliments de son enfance avant le gaz. Elle m’a dit qu’elle avait mis longtemps à s’habituer à la cuisine sans cette touche de fumée. La vie avant l’ère du pétrole avait donc plus de saveur?

On peut tout cuisiner au bois. Pour les cèpes, il faut choisir une poelle de taille adaptée au plat qu’on a à préparer. La poëlle doit être pointue une fois les champignons coupés en gros morceaux. La cuisson s’éffectue à feu vif dans l’huile. Le cêpe est bon lorsque l’extérieur est grillé et l’intérieur tendre.

Pour les pommes de terre, comme on est 4, je prends une poëlle plus grande. Je commence par faire cuire les champignons. Pendant ce temps, je prépare les pommes de terre. Une fois les cèpes quasiment cuits, c’est au tour des patates.

J’assaisonne le tout une fois que les pommes de terre sont quasiment cuites. Je sale, je poivre, je rajoute les cèpes sur la grande poëlle et couronne le tout avec une bonne persillade. Ah, ce petit goût d’ail et de persil! C’est ce qui fait la saveur de ce plat.

Pendant que tout ce joli monde fini de cuire en mélangeant ses saveurs dans un coin où il reste de la flamme, je tire la braise à l’opposé et lance la cuisson du magret de canard. Une touche de thym sur la viande et c’est prêt à servir…

Le pire, c’est le lendemain soir lorsque je rajoute deux où trois oeufs de ferme avec les restes pour faire une omelette baveuse… Avec une romaine assaisonnée au vinaigre de framboise la vie prend de suite une autre dimension.